WAJSBROT Cécile - Conversations avec le maître (p.123)
... Il y a si peu de place, disait le maître. Le nombre de salles, de maisons de disques qui s'intéressent à la musique contemporaine est limité. Tout le monde se connaît ou presque, si vous êtes adoubé, c'est bien mais si vous êtes en dehors ou si, comme moi, vous avez fait partie du sérail et qu'ensuite vous avez refusé de jouer le jeu, vous êtes rayé sans appel.
C'était il y a longtemps? avais-je demandé, et comme le maître ne semblait pas comprendre, j'avais ajouté, l'évènement, la raison pour laquelle on vous a rejeté.
Un enchainement de circonstances plutôt qu'un événement précis, un jour, vous vous apercevez que vous êtes en dehors. Ils ne peuvent pas me pardonner parce que je les connais, je sais ce qu'ils ont fait, les compromissions auxquelles ils se sont livrés pour arriver là où ils sont, je sais comment ils ont commencé et les gens n'aiment pas qu'on leur rappelle d'où ils viennent - les responsables que vous avez connus, écrasés par des dictateurs d'entreprise et qui le deviennent à leur tour, sans compter les compositeurs qui ont préféré les honneurs du pouvoir à la difficulté, la solitude de l'art. Il ne faut pas vivre trop longtemps car on voit trop de choses...
C'était il y a longtemps? avais-je demandé, et comme le maître ne semblait pas comprendre, j'avais ajouté, l'évènement, la raison pour laquelle on vous a rejeté.
Un enchainement de circonstances plutôt qu'un événement précis, un jour, vous vous apercevez que vous êtes en dehors. Ils ne peuvent pas me pardonner parce que je les connais, je sais ce qu'ils ont fait, les compromissions auxquelles ils se sont livrés pour arriver là où ils sont, je sais comment ils ont commencé et les gens n'aiment pas qu'on leur rappelle d'où ils viennent - les responsables que vous avez connus, écrasés par des dictateurs d'entreprise et qui le deviennent à leur tour, sans compter les compositeurs qui ont préféré les honneurs du pouvoir à la difficulté, la solitude de l'art. Il ne faut pas vivre trop longtemps car on voit trop de choses...