COE Jonathan - Les nains de la mort (p.22-23)
...Dans
la partie de la pièce qui donnait sur la rue, il y avait un système stéréo. Pas
une simple chaîne hi-fi, mais une énorme console de discothèque avec deux
platines, une table de mixage et des enceintes de 200 watts. Le bruit que
produisait cette musique démente, volcanique, était assourdissant. Je me
bouchai les oreilles avec les doigts et Chester, qui le remarqua, eut le tact
de baisser un peu le son avant d’annoncer à tout le monde : « Alors,
voilà, je vous présente William. William va être notre nouveau joueur de
synthé, d’accord ? William, je te présente les Unfortunates. »
Il y eut un ou deux grognements étouffés chez les convives. La femme tourna les yeux vers moi. Ce fut tout.
« Salut, dis-je, mal à l’aise. C’est bien, ici. »
Cette remarque suscita un rire glacial.
« Ouais, c’est une maison qui a du caractère, non ? dit quelqu’un.
-Des fois on sent même son caractère dans une bonne partie de la rue. »
Je décidai de changer de sujet.
« C’est un de vos enregistrements qui passe là ? demandai-je.
-Quoi, cette musique ? Oh non. C’est beaucoup trop mélodique pour nous. On jouait des trucs comme ça quand on essayait de faire du commercial. »
Chester arrêta la musique.
« Attends, je vais mettre une de leurs cassettes », dit-il.
Ce que j’entendis était assez déconcertant mais, si on l’écoutait attentivement, il y avait quelque chose derrière. La section rythmique était très présente, rapide et minimaliste, et les deux guitaristes – dont l’un devait utiliser une pédale fuzz, l’autre enchaînait d’étranges motifs funk dans les aigus – semblaient jouer chacun de son côté. En même temps, la voix de Paisley claquait comme un cran d’arrêt tout au long du morceau, du haut en bas de son registre :
La mort, c’est la vie
La mort, c’est la vie
et le noir est la couleur du cœur humain
La mort, c’est la vie
La mort, c’est la vie
Il faut mourir avant de vivre
Il faut tuer avant d’aimer.
« Les paroles sont bien, dis-je à Paisley à la fin du morceau. C’est toi qui les as écrites ?
- Ouais. Tu crois ? Moi, je ne les aime pas. Trop gnangnan.
- Ouais, il faudrait qu’elles soient…un peu plus sombres, dit quelqu’un à la table. On ne veut pas avoir l’air trop sympa.
Il y eut un ou deux grognements étouffés chez les convives. La femme tourna les yeux vers moi. Ce fut tout.
« Salut, dis-je, mal à l’aise. C’est bien, ici. »
Cette remarque suscita un rire glacial.
« Ouais, c’est une maison qui a du caractère, non ? dit quelqu’un.
-Des fois on sent même son caractère dans une bonne partie de la rue. »
Je décidai de changer de sujet.
« C’est un de vos enregistrements qui passe là ? demandai-je.
-Quoi, cette musique ? Oh non. C’est beaucoup trop mélodique pour nous. On jouait des trucs comme ça quand on essayait de faire du commercial. »
Chester arrêta la musique.
« Attends, je vais mettre une de leurs cassettes », dit-il.
Ce que j’entendis était assez déconcertant mais, si on l’écoutait attentivement, il y avait quelque chose derrière. La section rythmique était très présente, rapide et minimaliste, et les deux guitaristes – dont l’un devait utiliser une pédale fuzz, l’autre enchaînait d’étranges motifs funk dans les aigus – semblaient jouer chacun de son côté. En même temps, la voix de Paisley claquait comme un cran d’arrêt tout au long du morceau, du haut en bas de son registre :
La mort, c’est la vie
La mort, c’est la vie
et le noir est la couleur du cœur humain
La mort, c’est la vie
La mort, c’est la vie
Il faut mourir avant de vivre
Il faut tuer avant d’aimer.
« Les paroles sont bien, dis-je à Paisley à la fin du morceau. C’est toi qui les as écrites ?
- Ouais. Tu crois ? Moi, je ne les aime pas. Trop gnangnan.
- Ouais, il faudrait qu’elles soient…un peu plus sombres, dit quelqu’un à la table. On ne veut pas avoir l’air trop sympa.