SHAMIR Igal - Le violon d'Hitler (p.61-62)
Le lendemain, à quelques heures de ce concert qui à ses yeux représente beaucoup plus qu'une simple soirée musicale, Gal se repose et se dégourdit les doigts en jouant quelques gammes.
En fin d'après-midi, tandis que la nuit tombe sur la lagune et que les lumières de la Guidecca s'allument une à une et se reflètent dans l'eau, que les bateaux ne sont plus que des silhouettes à peine éclairés par des fanaux de signalisation, l'heure de vérité approche.
Seul dans sa chambre, ses habits étalés sur le lit, son étui à violon posé sur la commode, Gal se prépare avec minutie. Il aime cette tension qui précède le concert, et celui-ci lui tient particulièrement à cœur puisqu'il représente ce qu'il est, lui, Gal Knobel, ce qu'il est devenu depuis ses premiers coups d'archet donnés à l'âge de cinq ans, dans un pays qui ne s'appelait pas encore Israël mais la Palestine.
En hommage au roi David, il a décidé de s'habiller en blanc.
Lorsqu'il arrive sur place, la salle est archicomble. Des spectateurs sont entassés dans les couloirs, par terre, et aux extrémités de la scène. Il ne s'attendait pas à une telle foule, et la ferveur et l’excitation qu'il peut sentir lui vont droit au cœur, comme s'il s'agissait du couronnement de sa détermination.
Après avoir prononcé quelques mots d'introduction sous les flashes des appareils photo, Gal caresse les premières notes d'une musique née sur le mont Sion, à l'époque où le violon était un instrument monocorde, de la famille du kémanché indien. Sous l'archet, la musique enfin libérée franchit les rives du temps, et David, homme d’État, guerrier et musicien, s'incarne en Gal, violoniste et soldat. Il tisse la musique qui évoque tantôt la douceur fragile d'un ruisseau, tantôt la violence d'un torrent. Il passe d'un mode à l'autre comme une dentellière enchaîne les points de son ouvrage. Une heure et quart durant, les psaumes s'épanchent aux oreilles des spectateurs suspendus au flux continu des notes...
En fin d'après-midi, tandis que la nuit tombe sur la lagune et que les lumières de la Guidecca s'allument une à une et se reflètent dans l'eau, que les bateaux ne sont plus que des silhouettes à peine éclairés par des fanaux de signalisation, l'heure de vérité approche.
Seul dans sa chambre, ses habits étalés sur le lit, son étui à violon posé sur la commode, Gal se prépare avec minutie. Il aime cette tension qui précède le concert, et celui-ci lui tient particulièrement à cœur puisqu'il représente ce qu'il est, lui, Gal Knobel, ce qu'il est devenu depuis ses premiers coups d'archet donnés à l'âge de cinq ans, dans un pays qui ne s'appelait pas encore Israël mais la Palestine.
En hommage au roi David, il a décidé de s'habiller en blanc.
Lorsqu'il arrive sur place, la salle est archicomble. Des spectateurs sont entassés dans les couloirs, par terre, et aux extrémités de la scène. Il ne s'attendait pas à une telle foule, et la ferveur et l’excitation qu'il peut sentir lui vont droit au cœur, comme s'il s'agissait du couronnement de sa détermination.
Après avoir prononcé quelques mots d'introduction sous les flashes des appareils photo, Gal caresse les premières notes d'une musique née sur le mont Sion, à l'époque où le violon était un instrument monocorde, de la famille du kémanché indien. Sous l'archet, la musique enfin libérée franchit les rives du temps, et David, homme d’État, guerrier et musicien, s'incarne en Gal, violoniste et soldat. Il tisse la musique qui évoque tantôt la douceur fragile d'un ruisseau, tantôt la violence d'un torrent. Il passe d'un mode à l'autre comme une dentellière enchaîne les points de son ouvrage. Une heure et quart durant, les psaumes s'épanchent aux oreilles des spectateurs suspendus au flux continu des notes...