BASTABLE Bernard - Un requiem pour Mozart. (p.100-101)
...La seconde partie se passa aussi bien que la première. le public londonien entamait une histoire d'amour avec Betty Ackroyd. Au tomber de rideau, je ne me trompai certes pas en décelant un regain de chaleur tandis que je saluai à côté de mon instrument. A ce moment-là, une chose tout à fait inhabituelle se produisit. Betty Ackroyd se mit à m'applaudir ouvertement depuis la scène. La plupart des autres acteurs -- les chanteurs réguliers du Théâtre de la Reine, ces têtes de bois qui m'étaient si chères -- l'imitèrent, sur quoi Betty s'avança et me fit signe de monter les rejoindre. Je disparus dans les entrailles du théâtre, pour réapparaître un instant plus tard sur scène, et recueillir des applaudissements réconfortants. On se serait cru à nouveau à la première soirée de Figaro. J'applaudis alors les acteurs à mon tour, puis regagnai modestement les coulisses.
-- Mr Mozart!
C'était Mr Popper, écarlate, les yeux exorbités, qui m'appelait. Je me dis que mon ovation sur scène devait l'avoir agacé, et m'apprêtais à le rejoindre avec infiniment plus d'assurance que j'en arbore d'ordinaire pour affronter les séances de reproche avec lui, quand Betty surgit et me ramena sur scène pour une nouvelle ovation. Quand j'en ressortis, Mr Popper, toujours dans les profondeurs ténébreuses des coulisses, m'adressa des signes fébriles.
-- Mr Mozart! Vite. venez tout de suite avec moi. Il n'y a pas un instant à perdre!
Déconcerté, je le suivis. A travers les coulisses poussiéreuses, le long de couloirs sombres, dans des escaliers.
-- Je ne comprends pas, lançai-je. Pourquoi n'appréciez-vous pas ces rappels? La pièce remporte un franc succès!
Mr Popper hocha la tête d'un air lourdement significatif, et posa l'index contre ses lèvres. Son geste attira mon attention sur ses mains. Elles tremblaient. Ce n'était donc pas la traditionnelle réprimande qui m'attendait, ni la douche froide que chanteurs et compositeurs se voient régulièrement infliger par les directeurs d'opéras, ou les écrivains, me dit-on, par leur éditeur. Il s'était passé quelque chose qui avait empli Mr Popper de terreur...
-- Mr Mozart!
C'était Mr Popper, écarlate, les yeux exorbités, qui m'appelait. Je me dis que mon ovation sur scène devait l'avoir agacé, et m'apprêtais à le rejoindre avec infiniment plus d'assurance que j'en arbore d'ordinaire pour affronter les séances de reproche avec lui, quand Betty surgit et me ramena sur scène pour une nouvelle ovation. Quand j'en ressortis, Mr Popper, toujours dans les profondeurs ténébreuses des coulisses, m'adressa des signes fébriles.
-- Mr Mozart! Vite. venez tout de suite avec moi. Il n'y a pas un instant à perdre!
Déconcerté, je le suivis. A travers les coulisses poussiéreuses, le long de couloirs sombres, dans des escaliers.
-- Je ne comprends pas, lançai-je. Pourquoi n'appréciez-vous pas ces rappels? La pièce remporte un franc succès!
Mr Popper hocha la tête d'un air lourdement significatif, et posa l'index contre ses lèvres. Son geste attira mon attention sur ses mains. Elles tremblaient. Ce n'était donc pas la traditionnelle réprimande qui m'attendait, ni la douche froide que chanteurs et compositeurs se voient régulièrement infliger par les directeurs d'opéras, ou les écrivains, me dit-on, par leur éditeur. Il s'était passé quelque chose qui avait empli Mr Popper de terreur...