GAILLY Christian- K.622 (p.85-86)
...Allegro.
C'est le crépuscule. WAM, de retour d'un long voyage, d'une longue vie de travail, trente ans tout de même d'une tâche épuisante, pénètre dans la forêt bleue et se présente devant ses juges, les grands arbres, qui l'accueillent, d'une manière fermement aimable, sévèrement affable, une certaine froideur sévère. Ils l'interrogent sur son oeuvre : As-tu fait tout ce que tu pouvais? Tout ce que tu devais? En es-tu sûr? Il ne peut pas répondre, il veut dire quelque chose, bien des choses mais ne sait par quoi commencer. Les juges recommencent comme si WAM n'avait rien compris. Il répond que les juges ont reposé leurs questions, de nouveau mais en les développant comme si WAM n'avait toujours pas compris. Il commence, on dirait qu'il répète ce que disent les juges, puis il ajoute des nuances, des arguments, qui font office de variations et soutiennent son propos. Il essaie de s'expliquer, je ne comprends pas ce qu'il dit mais j'ai cette impression, je l'entends se débattre, il commente, explique, ce qu'il a fait, le justifie. J'aimerais pouvoir traduire la musique mais c'est impossible, je n'arrive pas à mettre la musique en mots, elle va trop vite, ça me désespère. J'essaie quand même, je recommence, ça ne va pas, ça ne marche pas, s'il est possible de mettre des mots en musique l'inverse pour moi n'est pas vrai, la musique ne supporte aucun mot, elle les recrache. J'écoute et j'ai le sentiment d'un dialogue, évidemment, ce n'est pas ce que je veux dire, je parle d'un débat, d'une lutte, d'un combat, enthousiaste le plus souvent, d'un conflit, parfois chancelant, haletant toujours, mais je n'arrive pas à le traduire, ce n'est qu'un sentiment. La musique provoque, évoque surtout des entiments, mais ce ne sont que des ombres, des âmes perdues dans les limbes de la mémoire, des accents, des inflexions, des voix, mais des voix qui parlent sans rien dire, qui me restituent des intentions, des courages, des volontés, des renoncements, des victoires, des échecs évidemment, ça ne manque pas, des passions, des joies, des douleurs, des cris pourquoi pas?...
C'est le crépuscule. WAM, de retour d'un long voyage, d'une longue vie de travail, trente ans tout de même d'une tâche épuisante, pénètre dans la forêt bleue et se présente devant ses juges, les grands arbres, qui l'accueillent, d'une manière fermement aimable, sévèrement affable, une certaine froideur sévère. Ils l'interrogent sur son oeuvre : As-tu fait tout ce que tu pouvais? Tout ce que tu devais? En es-tu sûr? Il ne peut pas répondre, il veut dire quelque chose, bien des choses mais ne sait par quoi commencer. Les juges recommencent comme si WAM n'avait rien compris. Il répond que les juges ont reposé leurs questions, de nouveau mais en les développant comme si WAM n'avait toujours pas compris. Il commence, on dirait qu'il répète ce que disent les juges, puis il ajoute des nuances, des arguments, qui font office de variations et soutiennent son propos. Il essaie de s'expliquer, je ne comprends pas ce qu'il dit mais j'ai cette impression, je l'entends se débattre, il commente, explique, ce qu'il a fait, le justifie. J'aimerais pouvoir traduire la musique mais c'est impossible, je n'arrive pas à mettre la musique en mots, elle va trop vite, ça me désespère. J'essaie quand même, je recommence, ça ne va pas, ça ne marche pas, s'il est possible de mettre des mots en musique l'inverse pour moi n'est pas vrai, la musique ne supporte aucun mot, elle les recrache. J'écoute et j'ai le sentiment d'un dialogue, évidemment, ce n'est pas ce que je veux dire, je parle d'un débat, d'une lutte, d'un combat, enthousiaste le plus souvent, d'un conflit, parfois chancelant, haletant toujours, mais je n'arrive pas à le traduire, ce n'est qu'un sentiment. La musique provoque, évoque surtout des entiments, mais ce ne sont que des ombres, des âmes perdues dans les limbes de la mémoire, des accents, des inflexions, des voix, mais des voix qui parlent sans rien dire, qui me restituent des intentions, des courages, des volontés, des renoncements, des victoires, des échecs évidemment, ça ne manque pas, des passions, des joies, des douleurs, des cris pourquoi pas?...