PETIT Marc - Le premier violon de Guarnerius (p.159)
Ceci est le discours que tint sur son lit de mort, en l'an 1745, à Crémone, le luthier Giuseppe Antonio Guarnerius del Gesu à l'adresse de son frère Pietro, dit le Vénitien :
Maintenant que je sens bien que le concert s'achève - que ma vie, tel un archet usé et trop tendu, ne tient plus qu'à un dernier fil qui va se rompre, ile serait bon, Pietro, que suivant l'usage de nos pères, je te fasse part de mon secret le plus précieux. J'ai mal vécu; le vin, les femmes m'ont détruit avant l'âge. Je ne sais rien de mon métier que tu ne saches autant et mieux que moi. Pourtant, il y a une chose que tu ignores - une chose que tu as entendue souvent sans la comprendre, quand je jouais - une chose très simple, mais qu'il est difficile de dire avec des mots. Peut-être, si j'essayais de te l'expliquer, t'échapperait-elle; laisse-moi plutôt te raconter une histoire...
Maintenant que je sens bien que le concert s'achève - que ma vie, tel un archet usé et trop tendu, ne tient plus qu'à un dernier fil qui va se rompre, ile serait bon, Pietro, que suivant l'usage de nos pères, je te fasse part de mon secret le plus précieux. J'ai mal vécu; le vin, les femmes m'ont détruit avant l'âge. Je ne sais rien de mon métier que tu ne saches autant et mieux que moi. Pourtant, il y a une chose que tu ignores - une chose que tu as entendue souvent sans la comprendre, quand je jouais - une chose très simple, mais qu'il est difficile de dire avec des mots. Peut-être, si j'essayais de te l'expliquer, t'échapperait-elle; laisse-moi plutôt te raconter une histoire...