TALLIS Franck - Petite musique de la mort (p.144-145)
... Des sonorités grondantes dans le bas du piano
soutenaient des écarts d’octaves résonnant doucement.
- N’entends-tu pas un glas qui sonne ?
Liebermann passa à la page suivante.
- Maintenant, l’homme et la femme sont à nouveau réunis. Quant au thème de l’élève, il a disparu et ne réapparaîtra jamais !
Rheinhardt sourit.
- Tu as découvert un fil conducteur ?
- Je crois que cette musique parle d’une crise conjugale et de sa résolution. Félicité, infidélité et pour finir la réconciliation.
Rheinhardt lissa les crocs de sa moustache et émit un « hum » grave, bouche fermée, qui trouva des harmoniques surprenantes dans les cordes du piano. Il attendait que Liebermann termine son analyse.
- L’accident sur le Schneeberg n’était pas un accident. Brosius a assassiné son protégé pour sauver son mariage.
Rheinhardt se redressa, la bouche ouverte, et rit de bon cœur.
- Allons, Max !
Il secoua l’épaule de son ami.
- Tu te laisses emporter par ton imagination.
Le jeune médecin revint au passage misterioso, avec ses notes graves et ses balancements d’octaves qui sonnaient comme un glas.
- Le timbre est assez trouble, ce qui explique que tu n’entendes pas bien ce qui se passe dans les graves. Mais si je lâche la pédale forte et si je joue un peu vite…écoute.
Un chant funèbre, célèbre entre tous, s’éleva du piano.
- Le dies irae ?
- Précisément. De la messe de requiem. Le glas signale que l’heure du Jugement est arrivée. La jeune et belle Angelika était la muse de Brosius, la source même de son inspiration. Quand elle reporta son affection sur Freimark, il commença à composer des morceaux comme Espoir, un chef-d’œuvre. Tu imagines le désespoir de Brosius.
- Mais comment se fait-il que tu saches tant de choses sur ces gens ? Brosius et sa femme ne sont pas exactement Robert et Clara Schumann.
- J’ai par hasard fait la connaissance d’une vieille dame, Frau Zollinger, qui connaissait personnellement Brosius et son cercle.
- Où l’as-tu rencontrée ?
- A un concert où une sérénade de Brosius était au programme. Et j’ai aussi fait quelques recherches dans les archives du journal.
- Attends, est ce que tu suggères que Brosius a assassiné son élève et écrit ce morceau comme une manière de …de confession ?
- Non, Oskar. Ce que j’ai découvert est bien plus intéressant. David Freimark est mort en 1863. Trois Fantaisies a été publié un an plus tôt, en 1862. Les œuvres créatrices prennent naissance dans l’inconscient – le royaume des rêves – et le Pr Freud nous a appris que les rêves dissimulent des désirs interdits. Ce morceau….
Liebermann tapota la partition
-… exprime un souhait caché… qui a finalement été réalisé...
- N’entends-tu pas un glas qui sonne ?
Liebermann passa à la page suivante.
- Maintenant, l’homme et la femme sont à nouveau réunis. Quant au thème de l’élève, il a disparu et ne réapparaîtra jamais !
Rheinhardt sourit.
- Tu as découvert un fil conducteur ?
- Je crois que cette musique parle d’une crise conjugale et de sa résolution. Félicité, infidélité et pour finir la réconciliation.
Rheinhardt lissa les crocs de sa moustache et émit un « hum » grave, bouche fermée, qui trouva des harmoniques surprenantes dans les cordes du piano. Il attendait que Liebermann termine son analyse.
- L’accident sur le Schneeberg n’était pas un accident. Brosius a assassiné son protégé pour sauver son mariage.
Rheinhardt se redressa, la bouche ouverte, et rit de bon cœur.
- Allons, Max !
Il secoua l’épaule de son ami.
- Tu te laisses emporter par ton imagination.
Le jeune médecin revint au passage misterioso, avec ses notes graves et ses balancements d’octaves qui sonnaient comme un glas.
- Le timbre est assez trouble, ce qui explique que tu n’entendes pas bien ce qui se passe dans les graves. Mais si je lâche la pédale forte et si je joue un peu vite…écoute.
Un chant funèbre, célèbre entre tous, s’éleva du piano.
- Le dies irae ?
- Précisément. De la messe de requiem. Le glas signale que l’heure du Jugement est arrivée. La jeune et belle Angelika était la muse de Brosius, la source même de son inspiration. Quand elle reporta son affection sur Freimark, il commença à composer des morceaux comme Espoir, un chef-d’œuvre. Tu imagines le désespoir de Brosius.
- Mais comment se fait-il que tu saches tant de choses sur ces gens ? Brosius et sa femme ne sont pas exactement Robert et Clara Schumann.
- J’ai par hasard fait la connaissance d’une vieille dame, Frau Zollinger, qui connaissait personnellement Brosius et son cercle.
- Où l’as-tu rencontrée ?
- A un concert où une sérénade de Brosius était au programme. Et j’ai aussi fait quelques recherches dans les archives du journal.
- Attends, est ce que tu suggères que Brosius a assassiné son élève et écrit ce morceau comme une manière de …de confession ?
- Non, Oskar. Ce que j’ai découvert est bien plus intéressant. David Freimark est mort en 1863. Trois Fantaisies a été publié un an plus tôt, en 1862. Les œuvres créatrices prennent naissance dans l’inconscient – le royaume des rêves – et le Pr Freud nous a appris que les rêves dissimulent des désirs interdits. Ce morceau….
Liebermann tapota la partition
-… exprime un souhait caché… qui a finalement été réalisé...