JERUSALMY Raphaël - Sauver Mozart(p.75-76)
... Je suis
parti samedi dernier pour Innsbruck, avec la fanfare. J’ai emporté l’éprouvette
que j’avais concoctée la semaine dernière. Je me suis dit que c’était
l’occasion rêvée pour finir en beauté. Ou plutôt en fanfare. Mourir dans un
train qui fonce à toute allure, en regardant la campagne défiler. Rendre le
dernier soupir en suivant des yeux un arbre ou une prairie qui disparaît au
loin.
- Ceci était prévu pour le retour. Pour ne pas embarrasser Hans. Alors je me suis bourré de remontants. Pour ne pas crever avant l’heure.
Le voyage s’est bien passé. Je toussais beaucoup mais les musiciens ont pris soin de moi et m’ont donné du thé chaud de leur thermos, en m’appelant maestro. Ils ont ri et chanté pendant tout le trajet. Même le sergent- major qui avait un sérieux coup dans l’aile. C’était gai.
Un camion militaire et un autocar nous attendaient à la gare d’Innsbruck. Ils nous ont emmenés dans une caserne où nous avons logé. Un copieux repas nous a été servi au réfectoire mais j’étais trop épuisé pour avoir de l’appétit. Je suis allé me coucher et j’ai dormi d’un sommeil comme je n’en avais pas eu depuis longtemps. Le matin, j’ai révisé un peu les livrets et partitions pendant que les musiciens astiquaient leurs bottes et polissaient les cuivres de leurs instruments. Ensuite, ils ont extrait des costumes de parade de leurs malles, pour la répétition générale. Une catastrophe. Les marches allemandes, passe encore. Mais l’hymne italien ? Un véritable acte d’agression. De quoi justifier une vendetta. J’ai fait de mon mieux pour corriger le pire. Sans trop insister. N’ai-je pas déjà trahi Mozart ? Alors, une fanfare salzbourgeoise…
- Ceci était prévu pour le retour. Pour ne pas embarrasser Hans. Alors je me suis bourré de remontants. Pour ne pas crever avant l’heure.
Le voyage s’est bien passé. Je toussais beaucoup mais les musiciens ont pris soin de moi et m’ont donné du thé chaud de leur thermos, en m’appelant maestro. Ils ont ri et chanté pendant tout le trajet. Même le sergent- major qui avait un sérieux coup dans l’aile. C’était gai.
Un camion militaire et un autocar nous attendaient à la gare d’Innsbruck. Ils nous ont emmenés dans une caserne où nous avons logé. Un copieux repas nous a été servi au réfectoire mais j’étais trop épuisé pour avoir de l’appétit. Je suis allé me coucher et j’ai dormi d’un sommeil comme je n’en avais pas eu depuis longtemps. Le matin, j’ai révisé un peu les livrets et partitions pendant que les musiciens astiquaient leurs bottes et polissaient les cuivres de leurs instruments. Ensuite, ils ont extrait des costumes de parade de leurs malles, pour la répétition générale. Une catastrophe. Les marches allemandes, passe encore. Mais l’hymne italien ? Un véritable acte d’agression. De quoi justifier une vendetta. J’ai fait de mon mieux pour corriger le pire. Sans trop insister. N’ai-je pas déjà trahi Mozart ? Alors, une fanfare salzbourgeoise…