LEON Dona - Mort à la Fenice (p. 151-152)
... Rezzonico souleva les sourcils et eut un petit reniflement dégôuté.
" Commissaire, j'ignore si vous savez ou non ce que vaut le public, à Venise, mais le meilleur compliment qu'on puisse leur faire est de dire que les Vénitiens se comportent comme des paons. Ils ne vont pas à l'opéra pour y écouter de la belle musique et des belles voix, mais pour parader dans leurs plus beaux atours devant leurs amis - lesquels amis viennent pour la même raison. Vous pourriez faire venir une fanfare du fin fond de la Calabre et la flanquer dans la fosse d'orchestre que personne, dans ce public, ne remarquerait la différence. pourvu que les costumes soient somptueux et que la mise en scène soit spectaculaire, c'est le succès assuré. S'il s'agit d'un opéra moderne chanté par des artistes étrangers, c'est l'échec tout aussi assuré. Le musicologue se rendit compte qu'il pérorait et il baissa la voix. " Mais la réponse à votre question est non; je doute qu'il y ait eu plus de quelques eprsonnes pour s'en rendre compte.
- Les autres critiques?"
Le professeur renifla de nouveau.
" En dehors de Narciso, pour La Repubblica, il n'y a pas un seul musicien parmi eux. Certains se contentent d'assister aux répétitions pour écrire leur papier. D'autres ne savent même pas lire une partition. Non, il n'y a aucun bon juge parmi eux.
- A votre avis, où faut-il chercher la cause de...de l'échec de Wellauer, si je puis m'exprimer ainsi?
- n'importe où. l'âge, déjà; il se faisait vieux, après tout. Il pouvait être bouleversé et énervé par quelque chose qui se serait produit juste avant la représentation. Voire même, aussi ridicule que cela puisse paraître, souffrir d'un simple problème d'indigestion. Toujours est-il qu'il n' avait pas le contrôle sur ce qui se passait, ce soir là. Il lui échappait; l'orchestre faisait ce qu'il voulait et les chanteurs suivaient comme ils pouvaient. On n'avait pas l'impression qu'il dirigeait, en somme...
" Commissaire, j'ignore si vous savez ou non ce que vaut le public, à Venise, mais le meilleur compliment qu'on puisse leur faire est de dire que les Vénitiens se comportent comme des paons. Ils ne vont pas à l'opéra pour y écouter de la belle musique et des belles voix, mais pour parader dans leurs plus beaux atours devant leurs amis - lesquels amis viennent pour la même raison. Vous pourriez faire venir une fanfare du fin fond de la Calabre et la flanquer dans la fosse d'orchestre que personne, dans ce public, ne remarquerait la différence. pourvu que les costumes soient somptueux et que la mise en scène soit spectaculaire, c'est le succès assuré. S'il s'agit d'un opéra moderne chanté par des artistes étrangers, c'est l'échec tout aussi assuré. Le musicologue se rendit compte qu'il pérorait et il baissa la voix. " Mais la réponse à votre question est non; je doute qu'il y ait eu plus de quelques eprsonnes pour s'en rendre compte.
- Les autres critiques?"
Le professeur renifla de nouveau.
" En dehors de Narciso, pour La Repubblica, il n'y a pas un seul musicien parmi eux. Certains se contentent d'assister aux répétitions pour écrire leur papier. D'autres ne savent même pas lire une partition. Non, il n'y a aucun bon juge parmi eux.
- A votre avis, où faut-il chercher la cause de...de l'échec de Wellauer, si je puis m'exprimer ainsi?
- n'importe où. l'âge, déjà; il se faisait vieux, après tout. Il pouvait être bouleversé et énervé par quelque chose qui se serait produit juste avant la représentation. Voire même, aussi ridicule que cela puisse paraître, souffrir d'un simple problème d'indigestion. Toujours est-il qu'il n' avait pas le contrôle sur ce qui se passait, ce soir là. Il lui échappait; l'orchestre faisait ce qu'il voulait et les chanteurs suivaient comme ils pouvaient. On n'avait pas l'impression qu'il dirigeait, en somme...