BARICCO Alessandro - Châteaux de la colère (p.149-150)
... -- Votre fanfare a joué merveilleusement, Pekish, vraiment...c'était très beau.
-- Merci, monsieur Reilh...le train aussi c'était très beau, je veux dire, c'est une idée magnifique, une grande idée.
Élisabeth arriva le premier jour de juin, tirée par huit chevaux le long de la route qui montait de la rivière jusqu'à Quinnipak : ce qui, si on voulait, pourrait être la représentation d'une théorie sur la dialectique passé/avenir. Si on voulait. Dans la rue principale de Quinnipack, Élisabeth défila sous les regard ébahis et quelque peu fiers de toute la population. Pour l'occasion, Pekisch avait composé une marche pour fanfare et clocher qui ne se révéla pas d'une clarté totale, étant construite à partir de la superposition de trois thèmes populaires différents : Pâturages de nos ancêtres, Tombe le jour et Que radieux soient les lendemains.
-- Bien sûr une seule mélodie ne serait pas suffisante, eu égard à l'importance de la cérémonie, avait-il expliqué. Que personne n'eût rien objecté à cela ne doit pas surprendre car depuis douze ans que Pekisch avait pris en main la vie musicale de la cité, les gens s'étaient en quelque sorte résignés à être musicalement inclassables et, la plupart du temps, plutôt portés à un certain génie. Et même si parfois, çà et là, reparaissaient une nostalgie des temps anciens où, en de semblables circonstances, on se serait contenté e ce bon vieux Ah que les foules triomphent (hymne inoubliable composé par le père Crest mais qui se révéla par la suite avoir été copié sur la très contestable ballade Mon petit oiseau se réveille), la conviction demeurait à peu près généralement répandue que les exhibitions conçues par Pekisch constituaient pour la ville un précieux motif d'orgueil...
-- Merci, monsieur Reilh...le train aussi c'était très beau, je veux dire, c'est une idée magnifique, une grande idée.
Élisabeth arriva le premier jour de juin, tirée par huit chevaux le long de la route qui montait de la rivière jusqu'à Quinnipak : ce qui, si on voulait, pourrait être la représentation d'une théorie sur la dialectique passé/avenir. Si on voulait. Dans la rue principale de Quinnipack, Élisabeth défila sous les regard ébahis et quelque peu fiers de toute la population. Pour l'occasion, Pekisch avait composé une marche pour fanfare et clocher qui ne se révéla pas d'une clarté totale, étant construite à partir de la superposition de trois thèmes populaires différents : Pâturages de nos ancêtres, Tombe le jour et Que radieux soient les lendemains.
-- Bien sûr une seule mélodie ne serait pas suffisante, eu égard à l'importance de la cérémonie, avait-il expliqué. Que personne n'eût rien objecté à cela ne doit pas surprendre car depuis douze ans que Pekisch avait pris en main la vie musicale de la cité, les gens s'étaient en quelque sorte résignés à être musicalement inclassables et, la plupart du temps, plutôt portés à un certain génie. Et même si parfois, çà et là, reparaissaient une nostalgie des temps anciens où, en de semblables circonstances, on se serait contenté e ce bon vieux Ah que les foules triomphent (hymne inoubliable composé par le père Crest mais qui se révéla par la suite avoir été copié sur la très contestable ballade Mon petit oiseau se réveille), la conviction demeurait à peu près généralement répandue que les exhibitions conçues par Pekisch constituaient pour la ville un précieux motif d'orgueil...