SETH Vikram - Quatuor (p. 46-47)
... Je commence ma journée par une leçon, une corvée autant pour moi que pour le garçon de douze ans, qui ferait mieux de jouer de la guitare. Après son départ, j'essaie de me remettre à mon travail de quatuor. J'étudie la partition de notre prochaine répétition, mais ne parviens pas à me concentrer. Je choisis plutôt d'écouter un CD du Trio avec piano de Beethoven en ut mineur, celui qui l'a valu les reproches de Carl Käll il y si longtemps. Quelle merveille que ces œuvres, les premières que Beethoven ait commencé à numéroter, trois trios par lesquels il dit au monde : oui, j'accepterais d'être connu grâce à eux. Et, de ces trios, la perle : l'Opus 1 numéro 3. Carl, bien entendu, n'était pas de mon avis : c'était le plus faible des trois, selon lui.
C'était le favori de Julia. Elle aimait particulièrement la variation en mineur du second mouvement, alors même que le violoncelle et le violon, avec leur calme mélancolie, semblent dérober la prééminence au piano. Chaque fois que Julia l'entendait, ou la jouait, ou en lisait la partition, elle bougeait lentement la tête, d'un côté à l'autre. Et elle adorait le final de l’œuvre, son absence de flamboyance.
Je l'ai souvent souvent écoutée mais je ne l'ai plus jamais jouée depuis dix ans. Quand, dans les formations de trios auxquelles il m'arrive de me joindre, on évoque la possibilité de la mettre au programme, je persuade les deux autres de n'en rien faire, en disant parfois qu'elle ne m’intéresse pas. Quant aux enregistrements, aucun ne me rappelle l'interprétation de Julia, même si certains me rendent le cœur plus léger.
Mais qui m'a jamais rappelé sa façon de jouer? ....
C'était le favori de Julia. Elle aimait particulièrement la variation en mineur du second mouvement, alors même que le violoncelle et le violon, avec leur calme mélancolie, semblent dérober la prééminence au piano. Chaque fois que Julia l'entendait, ou la jouait, ou en lisait la partition, elle bougeait lentement la tête, d'un côté à l'autre. Et elle adorait le final de l’œuvre, son absence de flamboyance.
Je l'ai souvent souvent écoutée mais je ne l'ai plus jamais jouée depuis dix ans. Quand, dans les formations de trios auxquelles il m'arrive de me joindre, on évoque la possibilité de la mettre au programme, je persuade les deux autres de n'en rien faire, en disant parfois qu'elle ne m’intéresse pas. Quant aux enregistrements, aucun ne me rappelle l'interprétation de Julia, même si certains me rendent le cœur plus léger.
Mais qui m'a jamais rappelé sa façon de jouer? ....