DAENNINCKX Didier - Sandrina Spice (p.88-90)
... Ma main pèse sur la poignée, je pousse la porte, de quelques centimètres. Les volets sont tirés, la chambre baigne dans la pénombre bleutée de la télé. Sur l'écran, Sandrina Spice se déhanche au rythme de Shoot'em up blues, le tube qui lui a assuré un succès planétaire foudroyant, il y a maintenant trois ans. Nadine est une inconditionnelle de la première heure, son armoire est pleine de compacts, de vidéos, de revues, les murs sont couverts de posters de son idole. Elle a mille fois essayé de m'expliquer ce que Sandrina avait d'unique, mais je n'ai jamais très bien compris ce qui scotche les gens par centaines de millions devant leur poste dès qu'elle apparaît. Les lolitas acidulées aux jambes interminables plantées dans des cuissardes noires, qui promènent le bout d'un micro sur leurs lèvres sang, se zappent par dizaines, dans la jungle des chaînes... Pourquoi elle?
Nadine n'a pas bougé. Elle semble dormir. Je m'approche du lit pour tirer vers moi la taie d'oreiller. Sa tête glisse sur le matelas, flasque comme celle d'une poupée de chiffon. Je m'agenouille.
- A quoi tu joues? Qu'est-ce que tu me fais... Tu dors ou quoi?
Un filet de salive blanchâtre coule à la commissure de ces lèvres. Je prends son visage entre mes mains, l'élève vers moi. Elle gémit, je sens la caresse de son souffle affaibli sur ma joue.
- Nadine, je t'en supplie, ouvre les yeux... réponds-moi...
Le clip est soudain interrompu par un flash d'informations. Le jingle, agressif, m'oblige à tourner la tête. La photo d'une voiture de sport rouge broyée contre le parapet d'un pont s'étale sur l'écran tandis que la présentatrice s'incruste dans une petite fenêtre en haut, à droite...
Nadine n'a pas bougé. Elle semble dormir. Je m'approche du lit pour tirer vers moi la taie d'oreiller. Sa tête glisse sur le matelas, flasque comme celle d'une poupée de chiffon. Je m'agenouille.
- A quoi tu joues? Qu'est-ce que tu me fais... Tu dors ou quoi?
Un filet de salive blanchâtre coule à la commissure de ces lèvres. Je prends son visage entre mes mains, l'élève vers moi. Elle gémit, je sens la caresse de son souffle affaibli sur ma joue.
- Nadine, je t'en supplie, ouvre les yeux... réponds-moi...
Le clip est soudain interrompu par un flash d'informations. Le jingle, agressif, m'oblige à tourner la tête. La photo d'une voiture de sport rouge broyée contre le parapet d'un pont s'étale sur l'écran tandis que la présentatrice s'incruste dans une petite fenêtre en haut, à droite...