VOLODINE Antoine - Alto solo (p.19-20)
... C’est également l’histoire d’un violoncelliste. D’un violoncelliste et d’une altiste. Un homme et une femme, mais en fait, ils sont quatre. Quatre jeunes adultes, dont aucun encore n’a atteint la trentaine. A la sortie du Conservatoire, ils ont constitué un quatuor, le quatuor Djylas. Un quatuor qui mène une vie sans foyer, consacrée à la musique, difficile. Ils se trouvent au seuil d’une carrière prometteuse, mais ils débutent, et, quelles que soient leurs qualités, ils devront attendre plusieurs années avant d’être reconnus par la critique comme des valeurs sûres. Aucun d’eux n’étant lié aux milieux politiques qui sympathisent avec le pouvoir ou les satellites, la voie de la réussite sera, pour eux, plus longue. Toutefois, ils ont déjà un public, et ils ne jouent pas devant des salles vides. Ils effectuent des tournées dans les nombreuses provinces du pays et même à l’étranger, quand la tension internationale le permet, quand les capitales alliées ne sont pas en guerre contre le Sud.
L’altiste, Tchaki Estherkhan, est une fille sans grâce physique particulière, avec des cheveux châtains qui encadrent durement son visage. Son ossature plutôt forte la dessert, lui alourdit un peu les hanches. Mais c’est tout de même une fille, et les trois éléments masculins du quatuor sont amoureux d’elle. Ils la courtisent, et, parfois, sans que cela nuise à leur bonne entente, à la cohésion du groupe, elle accorde ses faveurs à l’un ou l’autre. En dehors de la promiscuité des voyages, qui fouette les sangs et favorise le libertinage, la source de ses succès sentimentaux doit être cherchée dans ses talents de musicienne. De son alto, elle tire des sons merveilleux. Le niveau technique du quatuor est bon, mais Tchaki Estherkhan possède un jeu d’une sûreté sans égale, très supérieur à celui de ses partenaires. Un jour, le violoncelliste l’écoutera et se tuera...
L’altiste, Tchaki Estherkhan, est une fille sans grâce physique particulière, avec des cheveux châtains qui encadrent durement son visage. Son ossature plutôt forte la dessert, lui alourdit un peu les hanches. Mais c’est tout de même une fille, et les trois éléments masculins du quatuor sont amoureux d’elle. Ils la courtisent, et, parfois, sans que cela nuise à leur bonne entente, à la cohésion du groupe, elle accorde ses faveurs à l’un ou l’autre. En dehors de la promiscuité des voyages, qui fouette les sangs et favorise le libertinage, la source de ses succès sentimentaux doit être cherchée dans ses talents de musicienne. De son alto, elle tire des sons merveilleux. Le niveau technique du quatuor est bon, mais Tchaki Estherkhan possède un jeu d’une sûreté sans égale, très supérieur à celui de ses partenaires. Un jour, le violoncelliste l’écoutera et se tuera...