MICARD Karine - Moi, Giuseppina Verdi (p.33-34)
... J'étais infiniment heureuse de partager les passions de Papa et je voulais que la vie le récompense de sa bonté. Si j'étais une de ses sources de joie, je ne devais jamais le décevoir. Je veillerais sur lui et il pourrait compter sur moi, à jamais. Il était tout particulièrement à l'écoute de mes désirs, se régalant de nos études de piano à quatre mains : quand il rentrait de son travail, avant même d'embrasser Maman, il s'installait au clavecin à mes côtés. La nature m'avait dotée d'un don pour le piano, et lorsque je jouais en sa compagnie, nous dialoguions grâce aux notes dans une communion parfaite. Nous improvisions, nous esclaffant, irritant la maisonnée par notre connivence artistique. Il était mon mentor, mon modèle, mon Pygmalion. Un jour où je peinais à répéter un morceau dans cette maison pleine d'enfants où il était difficile d'obtenir le silence, il me dit :
- Tu as fait une fausse note sur le fa majeur, Peppina... Essaie de nouveau.
- Impossible, papa, je n'arrive pas à me concentrer avec ce vacarme.
- Ferme les yeux, ma chérie. Pense aux notes de musique, imagine-les vivantes : elles viennent de nulle part, elles volent dans les airs, elles t'encerclent... Tu sens ce léger vent musical te caresser la peau? Tu aperçois ces croches, ces blanches et ces noires qui valsent, se croisent, s'entremêlent, s'enlacent, se meuvent tout autour de toi?
- Tu as fait une fausse note sur le fa majeur, Peppina... Essaie de nouveau.
- Impossible, papa, je n'arrive pas à me concentrer avec ce vacarme.
- Ferme les yeux, ma chérie. Pense aux notes de musique, imagine-les vivantes : elles viennent de nulle part, elles volent dans les airs, elles t'encerclent... Tu sens ce léger vent musical te caresser la peau? Tu aperçois ces croches, ces blanches et ces noires qui valsent, se croisent, s'entremêlent, s'enlacent, se meuvent tout autour de toi?