HEUCK Sigrid - Le secret de Maître Joachim (p. 48-50)
XII
... Un jour, le hasard me vint en aide. Nous dînions dans la cuisine, ma mère et moi, quand j'entendis tout à coup à la radio le Concerto pour clarinette de Mozart. C'était une oeuvre que j'aimais particulièrement et que j'avais en disque. Je me souvins avoir vu un jour un film sur Benny Goodman en compagnie d'une fille dont je croyais être amoureux. Il y avait une scène où Benny Goodman jouait ce concerto pour impressionner les parents de sa fiancée. Il voulait leur prouver qu'il était bien plus qu'un simple chef d'orchestre. Et tous les détails me revinrent en mémoire : je sentais la présence de la fille à mes côtés tandis que l'odeur mentholée de son chewing-gum montait dans mes narines, que l'obscurité de la salle de cinéma nous enveloppait et que les images défilaient sur l'écran lumineux.
Ce que j'ai éprouvé alors a dû ressembler un peu au vrai bonheur. Je revoyais la scène devant moi, comme si je la vivais pour la première fois; je sentais le bonheur se répandre comme une vague à l'intérieur de mon corps et, pourtant, j'étais toujours assis en face de ma mère, sans rien dire, tandis qu'on entendait l'adagio à la radio.
Plus tard, dans ma chambre, il me vint l'idée suivante : si une mélodie était capable de me rappeler avec autant de précision un évènement très ancien et de me donner l'impression de le revivre, pourquoi ne me serait-il pas possible de remonter le temps grâce à la musique et de me transporter dans l'époque de mon choix? Tout dépendait alors de l’intensité du processus.
XIII
Il fallait sans aucun doute que ce fût une musique de l'époque en question. Et, comme j'étais parfaitement ignorant sur ce sujet, je demandai à notre professeur de musique des informations sur la Renaissance. M.Winterstein fut très heureux de constater mon intérêt pour la question.
- Si tu en as envie, tu peux venir chez moi. Je te ferai entendre quelques disques.
C'était une offre très alléchante. Pour ne pas trop le décevoir, je lui expliquai que je n'étais pas très musicien mais que je ne pouvais imaginer une vie sans musique. Cela lui fit plaisir et il m'invita à lui rendre visite le jour même...
... Un jour, le hasard me vint en aide. Nous dînions dans la cuisine, ma mère et moi, quand j'entendis tout à coup à la radio le Concerto pour clarinette de Mozart. C'était une oeuvre que j'aimais particulièrement et que j'avais en disque. Je me souvins avoir vu un jour un film sur Benny Goodman en compagnie d'une fille dont je croyais être amoureux. Il y avait une scène où Benny Goodman jouait ce concerto pour impressionner les parents de sa fiancée. Il voulait leur prouver qu'il était bien plus qu'un simple chef d'orchestre. Et tous les détails me revinrent en mémoire : je sentais la présence de la fille à mes côtés tandis que l'odeur mentholée de son chewing-gum montait dans mes narines, que l'obscurité de la salle de cinéma nous enveloppait et que les images défilaient sur l'écran lumineux.
Ce que j'ai éprouvé alors a dû ressembler un peu au vrai bonheur. Je revoyais la scène devant moi, comme si je la vivais pour la première fois; je sentais le bonheur se répandre comme une vague à l'intérieur de mon corps et, pourtant, j'étais toujours assis en face de ma mère, sans rien dire, tandis qu'on entendait l'adagio à la radio.
Plus tard, dans ma chambre, il me vint l'idée suivante : si une mélodie était capable de me rappeler avec autant de précision un évènement très ancien et de me donner l'impression de le revivre, pourquoi ne me serait-il pas possible de remonter le temps grâce à la musique et de me transporter dans l'époque de mon choix? Tout dépendait alors de l’intensité du processus.
XIII
Il fallait sans aucun doute que ce fût une musique de l'époque en question. Et, comme j'étais parfaitement ignorant sur ce sujet, je demandai à notre professeur de musique des informations sur la Renaissance. M.Winterstein fut très heureux de constater mon intérêt pour la question.
- Si tu en as envie, tu peux venir chez moi. Je te ferai entendre quelques disques.
C'était une offre très alléchante. Pour ne pas trop le décevoir, je lui expliquai que je n'étais pas très musicien mais que je ne pouvais imaginer une vie sans musique. Cela lui fit plaisir et il m'invita à lui rendre visite le jour même...