ARDITI Metin - Victoria-Hall (p.136-137)
Heidi Volk interrompit à nouveau :
- Ma chérrie, chanter c’est comme la vie, il y a des contradictions. Il faut de la douceur et de la force, il faut le corps mais il faut l’âme, sinon ce n’est qu’une farce. Vous avez la beauté intérieure, ma chérrie, l’âme, la sincérité qui manquent à tant de chanteurs, et la richesse du timbre, et la profondeur du son, vous êtes bénie des dieux, vous avec tout ! Sauf – Mme Volk fit une pause – un peu de patience ! Vous avez une voix : laissez-lui le temps de grandir ! Écoutez votre corps ! Aimez-le, soyez douce avec lui. Allez, on reprend. Ouvrez les côtes, allez plus bas que le diaphragme, là, comme cela, vous donnerez de la puissance à votre voix et vous deviendrez vraiment une « grande soprano », ma chérrie, grande par la voix et grande par la gloire. Recommencez depuis le début.
Elle retourna au piano. Tatiana s’exécuta, reprit tout l’air et le conclut à la perfection par le morir, un sol dièse qu’elle rendit piquant comme deux banderilles.
Heidi Volk ôta lentement ses lunettes, puis regarda en direction d’Armand.
-Elle est prête pour le Concours.
Armand regardait Tatiana et ne répondit pas. Heidi Volk reprit :
- Musetta est trop souvent chantée comme un rôle de cocotte. Tatiana lui rend son humanité. Elle m’a émue.
Elle resta un instant pensive.
- Mais une carrière ne s’arrête pas à un concours. Je vous laisse filer, ma chérrie, j’ai encore un cours. Merci mille fois d’être venu assister à la leçon. Armand, vous voyez, on avance.
- C’est moi qui vous remercie.
Armand et Tatiana descendirent en silence l’escalier qui menait au foyer du rez-de-chaussée, puis les marches extérieures qui donnaient sur la place Neuve. Armand tendit la main et dit « C’était magnifique », n’attendit aucune réponse et partit très vite vers le boulevard du Théâtre. Il emprunta le passage piéton, omit de regarder sur sa droite, et un motocycliste l’évita de justesse. Tatiana le vit s’éloigner ; il courait presque. Elle rangea ses partitions dans son sac, en ajusta la bandoulière et se dirigea vers la Treille.
- Ma chérrie, chanter c’est comme la vie, il y a des contradictions. Il faut de la douceur et de la force, il faut le corps mais il faut l’âme, sinon ce n’est qu’une farce. Vous avez la beauté intérieure, ma chérrie, l’âme, la sincérité qui manquent à tant de chanteurs, et la richesse du timbre, et la profondeur du son, vous êtes bénie des dieux, vous avec tout ! Sauf – Mme Volk fit une pause – un peu de patience ! Vous avez une voix : laissez-lui le temps de grandir ! Écoutez votre corps ! Aimez-le, soyez douce avec lui. Allez, on reprend. Ouvrez les côtes, allez plus bas que le diaphragme, là, comme cela, vous donnerez de la puissance à votre voix et vous deviendrez vraiment une « grande soprano », ma chérrie, grande par la voix et grande par la gloire. Recommencez depuis le début.
Elle retourna au piano. Tatiana s’exécuta, reprit tout l’air et le conclut à la perfection par le morir, un sol dièse qu’elle rendit piquant comme deux banderilles.
Heidi Volk ôta lentement ses lunettes, puis regarda en direction d’Armand.
-Elle est prête pour le Concours.
Armand regardait Tatiana et ne répondit pas. Heidi Volk reprit :
- Musetta est trop souvent chantée comme un rôle de cocotte. Tatiana lui rend son humanité. Elle m’a émue.
Elle resta un instant pensive.
- Mais une carrière ne s’arrête pas à un concours. Je vous laisse filer, ma chérrie, j’ai encore un cours. Merci mille fois d’être venu assister à la leçon. Armand, vous voyez, on avance.
- C’est moi qui vous remercie.
Armand et Tatiana descendirent en silence l’escalier qui menait au foyer du rez-de-chaussée, puis les marches extérieures qui donnaient sur la place Neuve. Armand tendit la main et dit « C’était magnifique », n’attendit aucune réponse et partit très vite vers le boulevard du Théâtre. Il emprunta le passage piéton, omit de regarder sur sa droite, et un motocycliste l’évita de justesse. Tatiana le vit s’éloigner ; il courait presque. Elle rangea ses partitions dans son sac, en ajusta la bandoulière et se dirigea vers la Treille.