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J'étais crevé. Six heures de train
depuis Genève, en compartiment non fumeur. Les sandwichs sous cellophane, les
chiottes bouchées et une petite pisseuse qui ne savait pas lire. Vanné,
j'étais. Heureusement, y'avait des taxis à la gare. J'ai pas attendu. Deux fois
la lecture intégrale du dernier magazine de Mickey. J'étais sonné. La môme
aurait bien voulu une troisième version, mais là j'ai tenu bon. Non mais faut
être sérieux. Ils sont tranquilles les gens, ils larguent leur gosse dans le
train. Trois bisous, les bonbons, fais une bise à mamie et ciao, bon voyage. Ah
oui, il a été bon le voyage ! Féerique.
Heureusement, j'ai bien roupillé dans le taxi. Le chauffeur voulait faire la causette. Comme d'habitude. Ils s'emmerdent tellement ces types. « Vous êtes musicien ? C'est un violon ce qu'y a dans la boîte ? » Mais qu'est‑ce qu'ils avaient tous à me les casser avec la boîte à violon. Peuvent pas se mêler de leurs oignons. « Moi, j'aurais voulu être trompettiste », qu'il me dit. Alors là, aussi sec j'lui réponds : « Vous savez, la trompette vous vous la mettez où j'pense. » Le type n'a même pas bronché. Rien dans le sac. Remarquez, tant mieux, parce qu'il m'aurait planté là, j'aurais été bien emmerdé. J'ai eu la paix tout le reste du trajet. De temps en temps, je faisais semblant de dormir et j'le voyais qui matait l'étui dans le rétroviseur. D'la trompette, j't'en foutrais d'la trompette. Pauvre type.
Remarquez, cet étui, faudra que j'le largue un de ces jours. Ça m'apporte que des pépins. J'y risque ma peau. Tiens, rien que ce jour‑là dans le train, heureusement que j'ai eu la présence d'esprit du pro. J'venais juste de me cogner la deuxième lecture de Mickey. Une histoire à la con avec un canard bleu, un clébard qui chassait les papillons. Enfin, toutes ces conneries de gosses. J'comptais bien respirer deux minutes mais v'la que la môme elle me dit: « Tu veux jouer à ni oui ni non. » Là, j'lui ai dit de pas m'emmerder, que j'voulais la paix et elle s'est calmée. Seulement, faut pas rêver. Deux minutes après, elle tenait plus en place, elle avait vu ma boîte à violon, suspendue dans le filet à bagage. « Oh, tu m'le montres ton violon, hein monsieur. »
Si y'avait pas eu cette vieille en face, j'lui aurais bien décollé la tête à cette morveuse. Mais j'ai été calme. je lui ai dit que c'était fragile. Tu parles. Elle a rien voulu savoir. Elle trépignait comme une petite garce. je lui ai filé un chewing‑gum, elle s'est arrêtée aussi sec. Elle faisait exprès de faire du bruit en le mâchant mais au moins elle se tenait à carreau. J'en ai profité pour aller dans le couloir, me griller une clop et puis après j'suis allé pisser un coup. C'était bouché, c'est vraiment dégueulasse ces trains. En plus, juste j'étais au chiotte, on s'arrête dans une gare, ça m'a coupé l'envie. Alors, je suis revenu dans le compartiment. La vieille était descendue. Tant mieux, elle avait une sale tronche. Et qu'est‑ce que je trouve ? Devinez ? La gosse qui tripote ma boîte à violon. Là, j'me précipite, j'lui dis de refermer ça tout de suite. Tranquille elle me dit: « De toute façon, j'ai tout vu et je sais que t'es un bandit, je sais ce qu'y a dedans et je vais le dire au monsieur du train qu'a la casquette. » Alors là, faut m'comprendre, j'ai fait ni une ni deux, je lui ai foutu une claque pour lui faire fermer sa gueule. Mais v'là qu'elle braillait encore plus fort que j'étais un méchant, un bandit, que j'irais en prison. Et c'est juste quand elle a dit ça que j'ai pas pu m'retenir. J'ai serré jusqu'à ce qu'elle gueule plus ses conneries. J'ai eu tout juste le temps de descendre en marche, le train repartait. Quand j'ai sauté du wagon, y'a un type qui m'a gueulé : « Hep, m'sieur, celui du violon, vous avez perdu vot'Mickey, hep le monsieur musicien! "
Comme si j'avais une gueule de musicien.
Heureusement, j'ai bien roupillé dans le taxi. Le chauffeur voulait faire la causette. Comme d'habitude. Ils s'emmerdent tellement ces types. « Vous êtes musicien ? C'est un violon ce qu'y a dans la boîte ? » Mais qu'est‑ce qu'ils avaient tous à me les casser avec la boîte à violon. Peuvent pas se mêler de leurs oignons. « Moi, j'aurais voulu être trompettiste », qu'il me dit. Alors là, aussi sec j'lui réponds : « Vous savez, la trompette vous vous la mettez où j'pense. » Le type n'a même pas bronché. Rien dans le sac. Remarquez, tant mieux, parce qu'il m'aurait planté là, j'aurais été bien emmerdé. J'ai eu la paix tout le reste du trajet. De temps en temps, je faisais semblant de dormir et j'le voyais qui matait l'étui dans le rétroviseur. D'la trompette, j't'en foutrais d'la trompette. Pauvre type.
Remarquez, cet étui, faudra que j'le largue un de ces jours. Ça m'apporte que des pépins. J'y risque ma peau. Tiens, rien que ce jour‑là dans le train, heureusement que j'ai eu la présence d'esprit du pro. J'venais juste de me cogner la deuxième lecture de Mickey. Une histoire à la con avec un canard bleu, un clébard qui chassait les papillons. Enfin, toutes ces conneries de gosses. J'comptais bien respirer deux minutes mais v'la que la môme elle me dit: « Tu veux jouer à ni oui ni non. » Là, j'lui ai dit de pas m'emmerder, que j'voulais la paix et elle s'est calmée. Seulement, faut pas rêver. Deux minutes après, elle tenait plus en place, elle avait vu ma boîte à violon, suspendue dans le filet à bagage. « Oh, tu m'le montres ton violon, hein monsieur. »
Si y'avait pas eu cette vieille en face, j'lui aurais bien décollé la tête à cette morveuse. Mais j'ai été calme. je lui ai dit que c'était fragile. Tu parles. Elle a rien voulu savoir. Elle trépignait comme une petite garce. je lui ai filé un chewing‑gum, elle s'est arrêtée aussi sec. Elle faisait exprès de faire du bruit en le mâchant mais au moins elle se tenait à carreau. J'en ai profité pour aller dans le couloir, me griller une clop et puis après j'suis allé pisser un coup. C'était bouché, c'est vraiment dégueulasse ces trains. En plus, juste j'étais au chiotte, on s'arrête dans une gare, ça m'a coupé l'envie. Alors, je suis revenu dans le compartiment. La vieille était descendue. Tant mieux, elle avait une sale tronche. Et qu'est‑ce que je trouve ? Devinez ? La gosse qui tripote ma boîte à violon. Là, j'me précipite, j'lui dis de refermer ça tout de suite. Tranquille elle me dit: « De toute façon, j'ai tout vu et je sais que t'es un bandit, je sais ce qu'y a dedans et je vais le dire au monsieur du train qu'a la casquette. » Alors là, faut m'comprendre, j'ai fait ni une ni deux, je lui ai foutu une claque pour lui faire fermer sa gueule. Mais v'là qu'elle braillait encore plus fort que j'étais un méchant, un bandit, que j'irais en prison. Et c'est juste quand elle a dit ça que j'ai pas pu m'retenir. J'ai serré jusqu'à ce qu'elle gueule plus ses conneries. J'ai eu tout juste le temps de descendre en marche, le train repartait. Quand j'ai sauté du wagon, y'a un type qui m'a gueulé : « Hep, m'sieur, celui du violon, vous avez perdu vot'Mickey, hep le monsieur musicien! "
Comme si j'avais une gueule de musicien.