FERMINE Maxence - Amazone Blues (p.197-138)
... Amazone Steinway posa sa main sur l'épaule de Mendes en témoignage d'affection et l'Indien lui tendit la pierre précieuse. Le musicien s'en saisit et, presque aussitôt, se tourna vers le colonel. Rodrigues eut une sentiment d'angoisse. Il gardait son arme pointée sur eux mais hésitait à tirer. Ces deux-là n'étaient pas des hommes ordinaires. Quelque chose lui disait qu'ils auraient toujours le dessus. Même s'il se mettait à tirer il était presque certain que les balles traverseraient leurs corps, iraient ricocher contre le mur et l'une d'elles, sans doute, finirait juste au milieu de son crâne. C'était difficilement explicable, mais il ressentait ça avant de comprendre, comme une intuition. Le colonel se mit à trembler et à cet instant prit conscience des limites de son pouvoir. Il baissa son arme et finit soudain par céder.
- D'accord, Amazone, je te rends ton piano contre l'émeraude et tu débarrasses le plancher.
Amazone eut un sourire.
- Je vois que vous devenez raisonnable.
Il ajouta :
- Mais j'ai mieux à vous proposer.
- Quoi donc? demanda Rodrigues.
Un long silence.
- Je veux faire une dernière partie de dés avec vous.
- Les mâchoires de Rodrigues se crispèrent.
- Une partie de dés? D'accord si tu y tiens vraiment.
- J'y tiens plus qu'à tout.
Rodrigues se mit à rire. Finalement, tout semblait s'arranger pour le mieux. Il fit signe vers le fond de la salle, indiquant la table de jeu.
- C'est ce que nous allons voir tout de suite.
- Mais d'abord, je vais me dérouiller les doigts sur le piano.
Alors Amazone Steinway, tirant sur son éternel cigare, s'approcha du piano blanc et se mit à jouer un de ces blues qui débutaient comme une musique douce, presque anodine, puis qui gravissaient lentement, l'une après l'autre, les marches chromatiques rapprochant les hommes de la musique des dieux, jusqu'à atteindre le seuil du paradis...
- D'accord, Amazone, je te rends ton piano contre l'émeraude et tu débarrasses le plancher.
Amazone eut un sourire.
- Je vois que vous devenez raisonnable.
Il ajouta :
- Mais j'ai mieux à vous proposer.
- Quoi donc? demanda Rodrigues.
Un long silence.
- Je veux faire une dernière partie de dés avec vous.
- Les mâchoires de Rodrigues se crispèrent.
- Une partie de dés? D'accord si tu y tiens vraiment.
- J'y tiens plus qu'à tout.
Rodrigues se mit à rire. Finalement, tout semblait s'arranger pour le mieux. Il fit signe vers le fond de la salle, indiquant la table de jeu.
- C'est ce que nous allons voir tout de suite.
- Mais d'abord, je vais me dérouiller les doigts sur le piano.
Alors Amazone Steinway, tirant sur son éternel cigare, s'approcha du piano blanc et se mit à jouer un de ces blues qui débutaient comme une musique douce, presque anodine, puis qui gravissaient lentement, l'une après l'autre, les marches chromatiques rapprochant les hommes de la musique des dieux, jusqu'à atteindre le seuil du paradis...