EDSTRÖM Carin Bartosch - Furioso (p. 125)
... Raoul marmonna une vague excuse avant de monter dans sa chambre. Il se jeta sur son lit, puis fixa le plafond. Du coin de l’œil, il aperçut l'étui de son violon et ressentit un poids dans sa poitrine. Jamais son violon n'avait été plus synonyme de devoir et de contrainte qu'en ce moment. Il représentait tout ce que sa vie avait d'ennuyeux. Un simple bout de bois dénué d'érotisme.
Pendant plus d'un quart de siècle, il avait partagé sa vie avec "L'usignolo", le Rossignol, son précieux Guarneri del Gesù. Il l'accompagnait partout où il allait puisqu'il ne vivait, ne voyageait que pour son travail. Mais ce qui, au début de sa carrière, avait été une source indescriptible de bonheur, s'était peu à peu transformé en fardeau insupportable. Le charme de la célébrité et de la réussite avait perdu son pouvoir d'attraction. Il avait tout fait. S'était produit sur les scènes les plus prestigieuses du monde, séduit les femmes les plus ravissantes qu'on puisse s'imaginer. Que lui restait-il à prouver?
Soudain, il eut envie d'ouvrir la fenêtre et de jeter son violon dehors, sous la pluie. De se débarrasser de cette saloperie. Cinq millions de dollars foutus en l'air d'un seul coup. L'empereur rend sa liberté au Rossignol. Quel soulagement ce serait! Mais c'était totalement exclu, bien entendu. Que penseraient les gens si l'un des violonistes les plus célèbres au monde raccrochait du jour au lendemain? Et que ferait-il s'il s'arrêtait de jouer? Il ne savait rien faire d'autres. Il se recroquevilla en position fœtale et se mordit les doigts. La solution, car il en existait un, résonnait dans sa tête. Il devait redonner vie à son âme pour qu'elle lui donne la force de continuer...
Pendant plus d'un quart de siècle, il avait partagé sa vie avec "L'usignolo", le Rossignol, son précieux Guarneri del Gesù. Il l'accompagnait partout où il allait puisqu'il ne vivait, ne voyageait que pour son travail. Mais ce qui, au début de sa carrière, avait été une source indescriptible de bonheur, s'était peu à peu transformé en fardeau insupportable. Le charme de la célébrité et de la réussite avait perdu son pouvoir d'attraction. Il avait tout fait. S'était produit sur les scènes les plus prestigieuses du monde, séduit les femmes les plus ravissantes qu'on puisse s'imaginer. Que lui restait-il à prouver?
Soudain, il eut envie d'ouvrir la fenêtre et de jeter son violon dehors, sous la pluie. De se débarrasser de cette saloperie. Cinq millions de dollars foutus en l'air d'un seul coup. L'empereur rend sa liberté au Rossignol. Quel soulagement ce serait! Mais c'était totalement exclu, bien entendu. Que penseraient les gens si l'un des violonistes les plus célèbres au monde raccrochait du jour au lendemain? Et que ferait-il s'il s'arrêtait de jouer? Il ne savait rien faire d'autres. Il se recroquevilla en position fœtale et se mordit les doigts. La solution, car il en existait un, résonnait dans sa tête. Il devait redonner vie à son âme pour qu'elle lui donne la force de continuer...