ECHENOZ Jean - Ravel (p. 100-101)
... Ravel a toujours tout oublié, toujours été distrait, sujet à des trous de mémoire singulièrement pour les noms propres, recourant souvent à des images pour désigner un lieu ou une personne aussi bien connus de lui que Mme Ravelot : la dame qui s'occupe de ma maison, vous savez, qui a un sale caractère. Et jusqu'à Marguerite elle-même : celle qui ne joue pas si bien du piano, vous voyez qui je veux dire, son mari est mort à la guerre. Marguerite a beau savoir tout cela, elle trouve quand même qu'il oublie de plus en plus de choses. De son côté, Hélène a remarqué l'an dernier que Ravel manifeste à présent, de temps en temps, une sorte d'absence devant sa propre musique.
Il n'oublie quand même pas ce qui compte le plus à ses yeux : dès son retour en France, il s'oppose net à la venue de Wittgenstein qui se voyait bien venir faire un petit tour à Paris. Il lui adresse un mot bref dans lequel il fait valoir que son interprétation relève de la contrefaçon, et le somme avec fermeté de s'engager à jouer désormais son œuvre rigoureusement telle qu'elle est écrite. Quand Wittgenstein, vexé, lui écrit en retour que les interprètes ne doivent pas être des esclaves, Ravel lui répond en cinq mots. Les interprètes sont des esclaves...
Il n'oublie quand même pas ce qui compte le plus à ses yeux : dès son retour en France, il s'oppose net à la venue de Wittgenstein qui se voyait bien venir faire un petit tour à Paris. Il lui adresse un mot bref dans lequel il fait valoir que son interprétation relève de la contrefaçon, et le somme avec fermeté de s'engager à jouer désormais son œuvre rigoureusement telle qu'elle est écrite. Quand Wittgenstein, vexé, lui écrit en retour que les interprètes ne doivent pas être des esclaves, Ravel lui répond en cinq mots. Les interprètes sont des esclaves...