JONKE Gert - L'école du virtuose (p.83-84)
... Enfin, Schleifer fit entendre l'entrée d'un alto invisible; il joua une mélodie dont le mouvement ample s'étirait sans fin, déroulant quelques fioritures et tendant son arc d'un mur du salon à l'autre, et qui, ensuite, commença de s'enrouler comme une caresse autour des invités assis là; et l'altiste sans alto qui s'époumonait d'une façon aussi convaincante savait leur offrir un timbre d'alto plus que parfait, dépassant de loin la sonorité de tout alto conventionnel. Cette fois-ci, Pfeifer trouvait la performance remarquable; bien qu'il n'eût pas de violon, cet homme savait vraiment s'en servir, l'entendis-je s'exclamer avec enthousiasme, disant à ses fidèles que les autres musiciens n'avaient qu'à prendre exemple sur lui. Beaucoup d'invités, pourtant, n'étaient pas disposés à se montrer compréhensifs. Arrêtez, criait-on, c'est encore la même supercherie, cette fois-ci avec le violon! On n'arriverait pas à leur faire prendre des vessies pour des lanternes, et on lui tendit un violon, ainsi qu'un archet appartenant à l'arsenal de l'orchestre de danse : tenez, voilà un violon; il était cordialement invité à en jouer.
Vous ne vous êtes même pas rendu compte, bien sûr, dit Schleifer tout en refusant le violon, que je n'ai pas joué du violon mais de l'alto. Avec un violon, on n'arriverait jamais à rien dans ce morceau, et on était prié de bien vouloir lui faire passer un alto si on voulait à tout prix lui imposer de tripoter un instrument. On était prêt, bien sûr, à lui procurer immédiatement un alto, mais impossible d'en trouver un nulle part. Vous voyez, dit Schleifer, vous n'avez pas d'alto à me donner, mais nous avons de la chance de pouvoir nous en passer, car moi, je sais jouer de l'alto sans alto, et le moment est venu où l'on devrait reconnaître, dit Scleifer, à quel point il est avantageux que je sache jouer de l'alto sans dépendre d'un l'alto; en effet, s'il avait fallu compter avec un alto éventuellement disponible, jamais il n'aurait pu poursuivre l’exécution de la sonate...
Vous ne vous êtes même pas rendu compte, bien sûr, dit Schleifer tout en refusant le violon, que je n'ai pas joué du violon mais de l'alto. Avec un violon, on n'arriverait jamais à rien dans ce morceau, et on était prié de bien vouloir lui faire passer un alto si on voulait à tout prix lui imposer de tripoter un instrument. On était prêt, bien sûr, à lui procurer immédiatement un alto, mais impossible d'en trouver un nulle part. Vous voyez, dit Schleifer, vous n'avez pas d'alto à me donner, mais nous avons de la chance de pouvoir nous en passer, car moi, je sais jouer de l'alto sans alto, et le moment est venu où l'on devrait reconnaître, dit Scleifer, à quel point il est avantageux que je sache jouer de l'alto sans dépendre d'un l'alto; en effet, s'il avait fallu compter avec un alto éventuellement disponible, jamais il n'aurait pu poursuivre l’exécution de la sonate...